Le film évaluatif consiste à utiliser le médium audiovisuel pour rendre compte et apprécier un projet ou programme de développement, en fondant l’analyse sur les critères évaluatifs du CAD (Comité d’Aide au Développement de l‘OCDE) tout en mettant à profit les caractéristiques particulières de l’audiovisuel
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De nos jours les bailleurs de fonds, les institutions nationales ou internationales ainsi que quelques opérateurs sont tenus de rendre compte de leurs actions. De fait, les évaluations ont connu une croissance exponentielle ces dernières années, en étant souvent intégrées dès le départ dans les projets et les programmes.
Mais qui lit ces évaluations ? Quel est leur impact sur les prises de décisions, sur les organisations ou sur le grand public ?
Si l’utilisation d’un nouveau médium, l’audiovisuel, ne peut prétendre résoudre l’ensemble de ces questions, il peut permettre certaines avancées significatives, notamment en changeant l’échelle de diffusion et en permettant de toucher plus largement la ou les organisations concernées par les actions de développement, voire le grand public.
Cette page vous propose un rapide passage en revue des principaux apports et caractéristiques de l’audiovisuel dans le processus évaluatif.
Images extraites du film Soweto, Eric Mounier © AFD, E-Sud
Éric Mounier exerce la profession de journaliste et documentariste depuis plus de 20 ans et a réalisé une centaine de films documentaires ou reportages.
Après avoir obtenu une licence à la Sorbonne nouvelle en communication et effectué une formation professionnelle en réalisation audiovisuelle en 1986, il s’est orienté tout de suite vers le grand reportage. Depuis, il a tourné en Asie, en Amérique du sud et, ces dernières années, plus particulièrement sur le continent africain dans une vingtaine de pays de langues anglophone et francophone.
La grande majorité de son travail est liée, directement ou indirectement aux questions de développement, que ce soit dans le domaine politique (OMC, COMESA, plusieurs commissions de l’Union européenne, les Accords de Partenariats Economiques, la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique…), dans le domaine économique (privatisations, commerce internationale, micros projets, exportations des produits africains, études de marchés intérieurs en Afrique, agriculture…), dans le domaine social (les questions d’eau, d’électricité, de la santé, de l’éducation, de la presse, la corruption…).
En tant que réalisateur, il a effectué plusieurs missions pour des institutions nationales ou internationales : l’Union Européenne (DG Commerce, DG Développement, Douanes, CDE, CTA), l’Organisation Mondiale du Commerce, l’UNCEA (Commission Économique des Nations-Unies pour l’Afrique), les ministères français de l’Environnement et des Affaires Etrangères.
L’évaluation filmée offre une plus grande visibilité que l’évaluation écrite et permet d’ouvrir la réflexion vers un public plus large. La plupart des rapports écrits s’adressent à un public de spécialistes et sortent très rarement de la sphère restreinte des acteurs du projet. Plusieurs études et recherches menées auprès de professionnels du développement montrent que ces rapports sont très peu lus dans leur totalité, parfois même par ceux qui sont directement concernés par le projet.
Le film évaluatif « Prey Nup » réalisé en 2008 / 2009 a pour sa part été vu et débattu par plusieurs centaines de personnes au sein de l’AFD, puis a été projeté à diverses occasions internes et externes à l’Agence : séminaires, centres de formation (Sciences Po, CEFEB...), auprès des partenaires institutionnels, etc.
À la différence de l’écrit, la restitution audiovisuelle entre dans le champ d’une expérience partagée et, par conséquent, contribue à la création d’une sorte de mémoire collective. Les travaux de chercheurs de différents horizons, tels que Christiane Metz, sémiologue, David MacDougall, anthropologue cinéaste ou encore Mardi Jon Horowitz, psychiatre, tendent à démontrer que les conditions de restitution (collective et dans une salle de projection) et le médium utilisé permettent aux spectateurs une meilleure imprégnation du projet.
Images extraites des films Prey Nup et Soweto, Eric Mounier © AFD, E-Sud
Images extraites du film Soweto, Eric Mounier © AFD, E-Sud
Il existe de nombreuses formes d’évaluation, chacune d’elles répondant à des besoins spécifiques et à des moments différents de la vie du projet ou du programme. Si « Prey Nup » et « Soweto » sont des évaluations ex-post, l’audiovisuel peut également être utilisé de manière pertinente pour des évaluations ex-ante ou en cours de projet, c’est à dire comme un outil d’aide à la décision.
Si le médium audiovisuel se prête moins à rendre compte de modèles abstraits, comme dans le cas d’évaluation de processus, d’organisation interne ou de schéma économique, il est adapté aux évaluations de pays, de secteur ou dans le cadre de méta-évaluations (par thèmes ou par projets).
L’audiovisuel semble enfin particulièrement bien correspondre aux évaluations qualitatives (telles que Carol Weiss les définit par exemple) ou participatives (voir la page Vidéo Participative), mais il peut également être un outil pertinent et efficace de recueil d’informations dans le cadre d’évaluations quantitatives.
Même s’il offre une plus grande visibilité, il est construit sur une approche objective et rigoureuse qui lui confère une grande crédibilité. Cela ne signifie pas pour autant qu’une certaine esthétique ne peut être développée.
Pour en savoir plus, discuter de la pertinence d’une évaluation filmée dans le cadre de vos activités, obtenir un devis, contactez-nous !
Extrait du Film Prey Nup, Eric Mounier © AFD, E-Sud